Faire son deuil...
L’un des pièges du récit biographique serait de viser à l’exhaustivité des éléments racontés. Rien ne serait insignifiant, tout participerait à la compréhension de la vie passée. Rien n’est moins sûr !
Raconter son histoire, ce n’est pas simplement se souvenir d’événements passés. Les événements ne sont que particules descriptives qui s’accumulent. Encore faut-il qu’elles s’articulent entre elles. Encore faut-il qu’elles participent à la construction de la trame identitaire et narrative. En conséquence, compte tenu de la quantité de ressources narratives collectées, le biographe devra hiérarchiser, en sélectionner certaines, établir les connexions entre elles afin de construire une série d’étapes intenses et passionnantes. D’où l’intérêt des multiples relectures qui parsèment le processus !
Bien raconter une histoire ne se limite donc pas à énumérer les uns à la suite, chaque moment de la vie. Le lecteur doit avoir l’impression de vivre l’histoire au moment où les mots frappent sa rétine. Il acquiert ainsi une certaine forme de savoir émotionnel en accédant aux choix et aux émotions de l’auteur de l’écrit mémoriel. Plongé dans la vie d’un être cher, le lecteur en gagnera une perception plus complète : de ses influences sur les événements, de son action au contact d’autres personnes, de son rayonnement dans la société.
Les temporalités biographique, sociale, historique s’entrecroisent au sein de cet écrit mémoriel. De fait, l’alternance, la juxtaposition de ces temporalités garantissent une compréhension plus fine du contexte dans lequel la personne a vécu. Telles des petites cailloux déposés ici ou là, dans les paragraphes, ces informations temporelles reconstruisent la carte d’identité de la personne racontée.
Du point de vue structurel, les histoires de vie adoptent généralement une organisation narrative chronologique. Cette prégnance de la chronologie revient à écrire une petite histoire dans la grande. Et dans cette mise en abyme, des dates aux retombées différentes éclairent à leur manière, la vie de la personne !
Toutefois, selon l’histoire racontée ou selon le choix de la personne, sujette de la biographie, une structure thématique peut s’avérer plus judicieuse. Dans ce cas, la part belle sera parfois laissée aux réalisations professionnelles ou aux relations personnelles.
En définitive, un récit biographique retrace le parcours sinueux entre les impondérables de la vie réelle collective et l’illusion de la pertinence tous azimuts d’une expérience individuelle. Ce qui amène immanquablement, pour éviter les redites notamment, à faire son deuil de quelques épisodes plus anodins, pour ne conserver que la subtantifique moëlle de la vie.
Infos pratiques
Chaque biographie étant différente, il m’est impossible d’estimer le nombre exact d’heures qui seront nécessaires à sa réalisation. Encore moins le nombre de pages du document final. Personne n’a la même facilité à se livrer, à passer en revue ses souvenirs.
Lors des entretiens, peut-être que ces souvenirs reviendront par bribes. Dans ce cas, des temps de latence, de stockage seront à prévoir pour les assembler. Mais pour d’autres au contraire, pour d’autres ils seront clairs et très détaillés ! L’écriture n’en sera que plus rapide. D’autres éléments sont à prendre en compte durant les entretiens : le débit de parole, la qualité de l’élocution, l’esprit de synthèse ou d’analyse. Chacun de ces éléments agit sur la durée des entretiens et sur le volume récolté.
En règle générale, il faut compter entre 12 et 20 séances d’une heure environ pour aboutir à un document de 120 à 200 pages. Evidemment, en fonction des éléments communiqués, de l’ampleur des traces collectées, ces chiffres peuvent être revus. Par commodité, les entretiens ont lieu au domicile de la personne interviewée. Mais cela peut également se dérouler dans un autre cadre (bar, bureau, lieu de travail, extérieur…) . Toutefois, il faut veiller à ce que ce nouveau lieu soit suffisamment calme pour permettre un enregistrement audio de bonne qualité. De plus, afin d’éviter certains entretiens et pour accélérer la production écrite, il est possible d’aller jusqu’à une durée maximum de deux heures pour un entretien.
Intercaler des entretiens à distance, via Skype ou Whatsapp en visio est également envisageable. Plus simplement, par téléphone, aussi ! Et dans le même registre d’idées, il m’arrive également de demander quelques compléments d’information par mail, notamment dans les phases d’écriture proprement dites.
Chronologiquement, une fois que les grandes lignes du projet sont établies, un devis forfaitaire est présenté. Par souci de clarté professionnelle, dès la première rencontre, en général ! Le règlement s’effectue à la fin de chaque séance. Le premier entretien n’est pas facturé.
Bien entendu, chaque situation personnelle est différente. Aussi, je m’adapte aux disponibilités et aux moyens financiers de chacun. Le coût de l’impression intervient en plus et est à régler directement auprès de l’entreprise qui l’aura réalisée.
Il arrive...
Une fois le manuscrit achevé, une fois qu’il aura été relu et corrigé, interviendront la formulation de son titre et le choix de sa couverture et de sa mise en page. Ces informations peuvent d’ailleurs émerger bien longtemps avant le bouclage du texte final.
Ensuite, la phase de mise en page du texte peut débuter ! Ce texte change alors de statut. De l’état de manuscrit ou de tapuscrit, il devient livre. La pagination apparaît, la mise en chapitres également. Pour effectuer cette phase, j’utilise très régulièrement des logiciels de publication assistée tels que Adobe In Design ou Adobe Photoshop, ou encore Microsoft Publisher et Adobe Illustrator, quand il s’agit de la réalisation d’un journal ou d’une revue. Au final, la mise en page du texte s’effectue selon les normes de la typographie française.
Maîtrisant ainsi toutes les étapes de la mise en forme, il m’est plus facile de proposer différentes épreuves « d’habillage ». Le choix en revient ensuite à l’initiateur du projet d’écriture. Puis, les fichiers textes et illustrations sont acheminés chez l’imprimeur, sous plusieurs formats.
Je sollicite régulièrement plusieurs imprimeurs pour ce type de réalisation. En fonction de leur plan de charge du moment, de leur coût estimatif, je prends contact soit avec un imprimeur local, dans l’Orne, le groupe Corlet, soit un autre imprimeur situé dans la région toulousaine, les éditions Coolibri. Ces entreprises proposent une publication personnalisée de qualité (format, grammage, illustrations…) et surtout un nombre très modulable d’exemplaires.
L’imprimeur fabriquera une première épreuve qui devra être validée avant impression. Dans la foulée, il réalisera un devis en fonction du nombre d’exemplaires souhaités. Ce nombre n’est pas figé et pourra, à tout moment, être modifié par des commandes supplémentaires.
Le délai de fabrication est généralement très réduit. Le produit final est ensuite envoyé au domicile du demandeur de la production écrite. Bien sûr, en cas de production pour un événement particulier, du genre mariage ou anniversaire, les exemplaires du document peuvent parvenir à une autre adresse afin de ménager l’effet de surprise, jusqu’au jour de la remise du cadeau.
Viendront ensuite les temps des dédicaces…
Vernissage et dédicaces...
Imprimer une biographie, c’est un peu comme éclairer la vie sous un nouveau jour. Aujourd’hui, les rêves sont devenus palpables. Tenant ainsi une partie de son âme entre ses doigts, l’auteur concrétise ses objectifs initiaux. Il a libéré ses pensées, les a couchées sur des pages, puis s’apprête à les laisser s’envoler plus loin.
Car oui maintenant, le livre va quitter la sphère de l’auteur. Qu’il soit destiné à un public important ou limité aux proches, cet instant reste gravé à jamais dans l’esprit de celui (ou celle) qui s’est prêté(e) au jeu de piste dans sa mémoire. Fierté et accomplissement ne sont jamais très loin lors de la remise d’un livre à son auteur.
Sans aller jusqu’à un vernissage et/ou à une séance de dédicaces, en grandes pompes, cet instant inaugural est l’occasion de rencontrer des amis, voire de faire la connaissance d’autres personnes intéressées par l’histoire racontée.
Alors, ne boudons pas cet instant, car tenir physiquement l’objet-livre entre ses mains, quelle satisfaction personnelle ! Une émotion intense parcourt celui ou celle qui en est à l’origine. Partagé entre excitation et mélancolie, gratitude et réflexion, ce temps suspendu est un événement marquant. Parfois la porte ouverte à l’écriture d’un nouveau chapitre.